AU BOUT DE CETTE JETÉE
Last updated: Apr 16, 2022
Au bout de cette jetée
Au bout de cette jetée,
Les murs de ma maison moisissent.
Et mon articulation est en carton.
Mauvais ménage.
À chaque fois, alors,
Que je veux
parler,
Je ferai mieux d’aérer mes raisons,
je le sais.
Où vivre le simple miracle
Que me soient lavés les murs
Par les houles du monde.
En attendant ce beau jour,
Où je finis sécher au pied
de l’unique pilori,
De Pointe Noire à Bamako,
De Dakar à
Hanoï…
Long comme la durée de la détresse,
Si des gorges se tiennent encore nouées.
Large comme la violence de l’oppression,
Si je peux encore écoper les larmes de morts perdues.
Où ma honte s’ouvre et laisse au loin
Le vaste ciel des excuses imaginaires.
Laisse aussi les nuages gris de ces cieux-ci,
M’en faire répandre par ses foudres,
Ces pluies
Me confiant l’inexorable évaporation.
Imbécile-innocent oubli.
Au bout de cette jetée,
Souvenir accroché à ma face plombée de justification par ce
soi-disant orage noir durement présent.
À ce croisement, fermerai-je mes fenêtres ?
Rongeant piteusement ma pourriture satisfaite,
Articulant de travers des éternités nationales
Au détriment d’une éphémère stabilité.
Une limpide putréfaction,
Aussi innocente que la durée de la nuit.
Du bout de cette jetée,
La fraîche franchîse
pointe ma noyade.
Peut-être deviendrai-je bouteille à la mer,
Assez secret pour être aimé.
D’où viendrait le papier en mon sein de vers ?
Et l’encre ignorée ?
“L’arbre de la connaissance pousse sur toutes terres.”
Par elle,
On reconnait le chemin du hasard.\
Qui écrit ?
Et on respire le seul mot des défunts.\
Qui meurt ?
Alors,
Quel est le sujet de ma réserve aujourd’hui
Si ce n’est de demeurer inquiet, peut-être,
À devoir graver sur ma peau pourtant transparente de vérité :
“Chèque vierge et signé”.
Pour me faire embrasser avec intêret.
Que de désirs en trop.
Au bout de cette jetée
Ma main, par contre, je l’ai.
Mais ce n’est pas moi qui la tient.
C’est l’encre qui me le dit.
C’est la résonance carton-moisi qui me l’impose.
Ce sont toutes ces décennies de conneries qui me le confirment.
J’attends la houle du monde encore,
ou un soleil dur.
Pour chasser la moisissure des murs de ma maison.
Et y faire taire mes travers articulaires.
Pour sécher au pilori de la connaissance manquante,
S’il vous plaît,
taillée minutieusement,
tronçonnée spécialement,
Pour contraster avec la blanche arrogance
De mes murs recouverts,
voilés,
Par cette moisissure
Que seul,
Je ne peux enlever.
Que se passerait-il
Si je venais de mes pieds et de moi-même mal articulés
Prêt à boxer la place du village,
Pour supplier
de m’aider à la tâche
d’aimer.
Trouverai-je des amoureux ?
Au moins,
Ma maison ne moisirait plus
Au bout de cette jetée
Où un phare, paraît-il, s’en est allé.
-jo-
Peinture à l’aquarelle de Cynthia Perrein
Et si, accepté de siéger sous l'arbre des échanges,
un jour de rien, à l'ombre des soucis,
je m'avance dans la brousse.
Loin là-bas, Qu'entendrai-je ?
Vous pouvez m'envoyer un mail à jonathan.dupui@aquilenet.fr, n'hésitez pas.