BIENVEILLANCE TA MÈRE
Last updated: May 13, 2022
C’est le moment.
Et il va falloir faire gaffe.
“Être soi-même”
“La rage d’être soi”
“Le droit d’être soi”
Tout ce truc qui s’articule socialement.
Tout ce truc qui est la nouvelle manière de vendre ses babioles,
ou ses spectacles,
ou sa parole.
C’est le moment où il va falloir faire gaffe.
Faire gaffe à ce que l’on raconte.
Par exemple,
si tu dis ça pour vendre un truc.
Et,
qu’en sourdine,
ça s’entende.
Et,
lorsqu’on achète,
parce que bon,
même si ce n’est pas pour vendre,
l’autre passe quand même par l’achat.
Si tu dis que tu as le droit d’être toi pour vendre…
Et même si tu dis que ce n’est pas de ta faute que tu le vendes,
que c’est le monde qui marche comme ça.
Déjà, là, faut le dire :
Le monde ne marche pas avec ça.
“C’est un autre sujet,
ça”,
tu vas me dire,
je te dis :
“Non.”
Mais c’est pour plus tard, tu verras.
Donc, si tu dis des trucs comme ça :
“Soyons soi-même”
Et que tu ne fais pas gaffe à ce que tu dis,
par exemple, tu es fier d’être celui qui a dit ça :
“J’ai le droit d’être moi-même.”
Là…
Si tu ne fais pas gaffe,
genre vraiment gaffe,
à ce que tu dis…
Par exemple,
rien qu’en sachant que tu n’es pas le seul à le dire…
Ça te fait un truc ?
Une sensation, ça ?
Et cette sensation,
C’est quoi à part le désir de passer en tête ?
Et puisque ton propos c’est d’être toi-même,
Comment tu gères la remise en question par exemple ?
C’est en disant ça que tu veux te faire un max de blé-s, de popularité-s, de reconnaissance-s ?
Que tu deviendras le nouveau terreau des désirs du monde ?
Le symbole peut-être ?
En disant,
en mettant ça comme le slogan que tu veux que l’autre entende,
ça,
si j’ai bien compris :
“J’ai le droit d’être moi-même.”
C’est ça,
hein,
que tu dis ?
Et que crois-tu qu’il va se passer ?
Mais si tu fais gaffe, il n’y a pas de problème. J’aimerais savoir si tu fais gaffe du coup.
Je me présente, par exemple, moi, le pire des monstres, voilà. Le pêcheur, comme disait tu sais qui. Celui qui ruine des vies sans même faire attention. Celui qui la bafoue, la vie, pour son compte personnel. Et qui, pensant jouir d’une populartié, a compris l’étendue de sa solitude. Je te dis ça parce que c’est en exprimant au monde que j’ai le droit d’être qui je suis que je me suis retrouvé seul… Si j’avais eu de l’argent, peut-être que ça se serait passer autrement, j’aurais pu payer les gens, et parce que
“le monde marche comme ça”,
j’aurais pu avoir de la compagnie. Si j’avais eu de l’argent pour payer mes comédiens, par exemple, j’aurais pu prôner que c’est parce que j’ai le droit d’être qui je suis. Et j’aurais même dit plus, que c’est parce que je suis ce que je suis que j’en suis où j’en suis. Si j’ai réussi, c’est parce que c’est moi qui détient la bourse. Et puisque
“le monde marche comme ça”,
et puisque c’est vers les bourses que la parole augmente…
Et toi,
depuis la parole,
tu dis :
“J’ai le droit d’être moi-même”
Tu portes la parole, non ?
Si tu fais pas gaffe à la raison de la parole,
ça risque fort de partir en live,
tu sais ?
Si
ta parole
ne parle pas avec assez
d’attention sur la raison
de son action, à ta parole,
je crois que t’imagines pas à quel point ça va être la merde…
La grosse grosse merde.
C’est pour ça que je te dis que ça va être le moment.
Parce qu’on commence à entendre,
Socialement je veux dire :
“soi-même”,
“être soi-même.”
C’est une articulation nouvelle, non ?
Dans la société, non ?
On la connait bien dans la famille par contre celle-là,
l’occidentale en tout cas :
“J’ai le droit d’être moi-même !”
On la connait dans la famille.
Et on a souffert de parents soufflés par cette phrase-là, se vexant par exemple.
Mais en société, non,
c’est du nouveau, je te dis.
“JE VAIS ÊTRE MOI !”
Faut vraiment faire super gaffe.
Sans une vigilence aigüe,
à cause de ta phrase,
il y a moyen que le monde se déchire de plus belle…
Et on n’a vraiment pas besoin de ça…
Parce qu’on a vraiment besoin que tu sois toi-même.
Mais si tu as besoin d’en exprimer le droit, je me dis :
“Aoutch…”
Il va y avoir de la grosse grosse merde dans les années qui vont suivre.
Alors qu’on se bouge le cul pour réparer les merdes commises ces années précédentes,
si tu arrives avec ça…
bah ça ne va servir à rien de réparer les conneries des ancêtres.
“J’ai pêché !” Voilà un truc qui rassure.
“Ne me faites pas confiance.” En voilà un autre.
“Je n’ai pas d’argent.” Aussi.
“Je me sens seul à être moi-même”, “Je déprime de vouloir être identifié comme étant moi-même”, “je vous hais”,
ça,
ça serait des trucs avec lesquels les autres se diraient :
“ah beh voilà une parole qui a du sens à mes oreilles.”
Tu vois ?
Tu vois la différence ?
Mais si tu es vigilent quand tu dis “je suis”
à ce moment là, oui,
je viens,
je m’écroule sur tes genoux
et je pleure.
C’est sûr !\
Si tu me dis : “Je suis moi-même.”
Je te dirai : “Qu’est-ce que tu veux vendre ?”
Si tu ne tentes aucune courbe ni aucun dessin,
Oui !
Je te servirai.
Mais,
Je ne sais pas où tu es,
toi ?
Il va falloir que tu acceptes la méfiance,
et que tu te fasses une raison, une bonne.
Et que tu traces ta routes,
s’il le faut.
Et alors que toi,
tu seras désenrobé de la méfiance,
tu l’accepteras quand même venant du reste du monde.
Tu pourras alors ne faire que la concevoir,
immergé dans la confiance…
La confiance en quoi ?
En toi ?
Putain, mais c’est pas possible de rester aussi con.
Le mieux c’est que tu fermes ta gueule en fait.
Que déjà, ça, ce truc tout con :
Fermer Ta Gueule.
Que tu entendes que c’est possible et facile.
Et concevable ?
Tu le conçois ?
Que tellement de fois le mieux aurait été qu’on ferme sa gueule ?\
Je t’aime mais si tu portes une parole n’oublie pas la raison de l’existence des mots,
tu passeras moins pour un con.
Mais bon… Tu peux poursuivre, une tripotée d’ados viendra se dire pareil. Et tu gagneras ton argent, ton succès. J’espère juste que tu garderas une petite écoute sur le truc qui puera chez toi. Que ta dépression augmenteras et que tu crèveras comme tout le monde, car ta dépression sera la représentation de ton amour loupé.
-jo-
Vous pouvez m'envoyer un mail à jonathan.dupui@aquilenet.fr, n'hésitez pas.