DE L'ENFANCE 3/7

Petit frère

Saches, petit frère, que tu me ressembles bien trop, et ça, c’est bien ce que je pense. Alors j’inventerai la croyance à mes pensées, bien qu’elles ne furent qu’un jeu, qu’un triste jeu. Car j’ai bien compris que moi, je suis fils de maman et de « par-là ». Et maintenant qu’il y a le spectacle charmant de toi, en plus, de celui de maman et de « pas-par-là » charmés. Comment pourrais-je supporter de vivre la sensation de ne plus exister ? Avec de la simple histoire inventée d’avoir à être quelqu’un, la perte de l’attention de l’autre pouvait me faire croire que j’allais disparaître, bien que mon attention elle, n’en perdait pas une miette. Saches alors, petit frère, que c’est bien un cœur en guerre ici, qui prépare ses armées. Attends-toi à tout, parce que j’ai commencé à construire comment j’existe. Je peux désormais te dire que je fus fils avant toi, oui ! J’ai déjà appris à jouer avec ce que les adultes nomment « temps ». Il y a même PAPA qui dit : « le temps c’est de l’argent », ainsi, je réinventerai l’histoire qui se déroule avec des tas de phrases faites de tas de mots, et cela commence déjà à me peser, déjà, j’ai envie que ça s’arrête. Pourquoi personne ne me sort de là ? Me sortir d’où ? Pourquoi petit frère ne restes-tu pas là ? Pourquoi chuteras-tu, toi aussi ? Pourquoi je me suis mis à chercher d’exister ?…

-jo-