DE L'ENFANCE 4/7

Père

Et toi, père, frontière entre les choses, toi les murs, le cadre ! Serais-tu capable de reconnaître que toi et ta hauteur n’ont pas toujours été au même tempo. Ne réponds pas « non », car ce ne serait que ta fierté, et tu perdrais de nouveau cette hauteur qui te fait défaut, qui te fait faux. Car ta hauteur n’est autre que ta beauté, et cette beauté n’est pas ce que tu souhaites représenter, elle est ce qui présente sans toi, juste pour ici. N’occupe pas tant la place, tu ressembles à un petit frère et je deviendrai ton rival parce maintenant le « moi » occupe la place ici aussi, et il est ce qui compte avant tout, toujours ce même moi moi moi moi moi pesant, perdu de n’être jamais reconnu, même pas par moi. Moi qui ?… Père, préserve moi à être. Mais ne me montre pas la préoccupation. Ouvre-moi la route, sans avoir besoin de suivre tes pas. Ne te courbe pas d’aigreur par la bêtise d’avoir cru que tes pieds étaient toi. Si ce chemin est le tien, pourquoi ne profites-tu pas du paysage ? Relève la tête sur le monde et vois ta beauté. Si tu demeures ici, je saurai quelle route prendre.

-jo-