DE L'ENFANCE 7/7

Qui suis-je ?

Moi, l’adulte, qui me suis assailli de mensonges pour poursuivre la ressemblance à ce qu’il fallait ressembler, jusqu’à ne plus savoir que même la ressemblance n’est qu’illusion. Moi, l’adulte, qui articule chacune de mes souffrances sur les marches de mes premiers mots joyeux. Qui me suis perdu à force de chercher, ici, où je me trouve, depuis toujours, sans jamais reconnaître cela. Je me suis permis de croire qu’il fallait que je sois quelqu’un pour exister. Moi, qui pris part à toutes les guerres sans jamais cesser de les condamnées. Et qui, à force de batailles, perdis tout. Vais-je continuer à inventer ce qu’il faut que je sois ? Ou aurais-je la liberté pour enfin voir les larmes submerger tout. Et ainsi perdre la volonté d’exister. Lorsque les pluies de tristesse aux colériques orages ruinèrent l’édifice de mon histoire, que les torrents de larmes s’abattirent sur le monde de mes projections. Et qu’au cœur de la tempête destructrice mes hurlements de souffrance ne s’entendirent plus. Je m’en remis. Et laissai l’œuvre du vivant m’emporter, à tout jamais. Alors je n’ai pu faire que reconnaître le soleil paisible réapparaître d’abord, puis les flaques brillantes de mes souvenirs ne faire qu’y laisser venir la vie, les nuages de mes pensées être éphémères. La joie du vent et la chaleur de l’amour recouvrir chaque chose, chaque être, comme bercé dans les bras bienveillant de la vie elle-même, de la même manière que ce souvenir oublié d’être là où tout est. Ainsi père, mère, frère, enfant, adulte, art, entend ici la prière de celui qui te reconnais comme soi. Merci. Merci, merci. Enfin la paix, l’amour, la joie, comme au premier jour, dans ce silence infini.

-jo-